Et dans ce rêve qui élargit tes joies et tes liens, tu rencontres d'autres rêveurs, plus réalistes que ces ombres pâles croisées dans la vie nue ; ils t'admirent, ils fleurissent ton cœur, ils agrandissent ton âme et gratifient ta présence. Ils deviennent tes plus sûrs amis. Certains t'ouvrent même à des vertiges inédits – vases de Pandore en bris éclaboussant de rire les parois de l'Ordinaire, si tristes, sans ces délires imaginaires. Imaginaires, certes, mais les émotions, elles, sont bien là ! Et les mots, et les palpitations de ton être, et les soifs, les frissons, les soleils. Le tristress (inadaptabilité, incélébrité, incélérité) qui t'accablait hier vole alors en éclat : tu sais que tu es fait pour rêver, devenir célèbre et accélérer ta course vers les grandes ourses existentielles qui t'éblouiront pour toujours.

[ Vincent Cespedes ]